samedi 10 mai 2014

Xavier Dolan

        Il est grand temps de se mettre au québécois, car Xavier Dolan, à peine âgé de 25 ans, en fait la langue la plus en vogue du moment. Entre drames sentimentaux et psychanalytiques, recherche d'identité, et thriller psychologique, Dolan nous ouvre les portes de l'avenir du cinéma, brillant d'une esthétique nouvelle au service de thématiques aussi intimes qu'universelles.  


J'ai tué ma mère
J'ai tué ma mère, réalisé en 2009, met en scène les problèmes relationnels entre Hubert et sa mère. Hubert n'aime pas sa mère, ne supporte plus ses moindres faits et gestes, et en souffre car cela traduit la nostalgie d'une enfance heureuse disparue. 

Dolan nous offre un magnifique portrait de la confrontation mère/fils, qui traduit avec justesse et sincérité la subjectivité de ce rapport. Tout y explose : les mots, les émotions, les objets et les formes filmiques. Pour cela, on mettra un 10/10 au réalisateur, âgé d'à peine 20 ans lorsqu'il lance la production. 

Le film obtient de nombreux prix, dont 3 à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, l'année de sa sortie, ainsi que l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2010.

extrait de J'ai tué ma mère




Les amours imaginaires

Un an après, Les amours imaginaires : Francis aime Nicolas, Marie aime Nicolas, et Nicolas maintient l’ambiguïté avec les deux amis, condamnés à une douloureuse et interminable concurrence. 


Un hymne au désir et au fantasme amoureux, sublimé par la composition de plans, qui ne sont pas sans rappeler ceux de Wong Kar Wai dans In the mood for love (l'utilisation du ralenti), ainsi que par le montage très godardien (influence qu'on prête à tort au jeune réalisateur, qui commence seulement à découvrir les cinéastes de la Nouvelle Vague). Dolan réussit à maintenir une tension à travers le besoin douloureux de chacun des personnages de plaire à l'autre. Le tout rythmé par l'intervention de personnages qui partagent leurs maux d'amour. 

Le film obtient trois prix, dont le Prix Regard Jeune au Festival de Cannes, en 2010.


Bang Bang dans Les amours imaginaires





Laurence Anyways
En 2012 sort Laurence Anyways. Laurence aime Frédérique, mais ne se reconnait pas en tant qu'homme. Il voudrait devenir une femme, tout en restant avec Frédérique.

C'est la consécration pour le jeune cinéaste, qui prend le pas sur une thématique, encore trop mise de côté dans notre société française. Une fois encore, Dolan nous émerveille à travers un traitement de l'image sans pareil, bercé d'un lyrisme libérateur pour les yeux du spectateur. Cette perfection esthétique rend justice à un scénario complexe, qui tient le spectateur en haleine jusqu'à la fin. C'est à la recherche d'un amour pur et sincère que part Xavier Dolan, qu'il soumet à un obstacle de taille. Un obstacle qui pousse le spectateur à s'interroger sur ses propres choix et capacités relationnelles.

Le film obtient de nombreux prix :
- un prix d'interprétation féminine pour Suzanne Clément et le prix Queer Palm* au Festival de Cannes en 2012,
- le Grand prix et le Prix Jeunesse au Festival de Cabourg la même année,
- le Prix du Meilleur Film au Festival international du film de Toronto
- et le Prix des meilleurs maquillages et le Prix des meilleurs costumes au Prix Ecrans canadiens 2013.

Bande annonce de Laurence Anyways



Tom à la ferme
Cette année encore, Dolan nous éblouit avec un film d'un tout autre genre, mais dont le traitement fait qu'il entre directement dans la continuité de son oeuvre : un thriller psychologique. Tom vient de perdre son compagnon, Guillaume, et se rend dans sa famille pour assister aux funérailles. En plus de cacher l'amour qu'il avait pour son ami, il doit faire face à la violence du grand frère homophobe, avec lequel s'engage des jeux malsains.

Le jeune cinéaste prouve qu'il suffit de pas grand chose pour donner de l'urticaire à son public, qui frissonne d'angoisse du début à la fin du film. La musique, toujours bien choisie chez Dolan, déclenche le suspens de façon remarquable. Ici, Dolan joue avec le spectateur, qui, grâce au jeu des personnages, est amener à imaginer les pires horreurs que pourrait vivre le héros. C'est donc encore un film suggestif, qui sollicite l'imagination du spectateur, pour répondre aux thématiques du deuil et de la frustration. 

Il obtient encore de nombreux prix, dont :
- le Prix Fipresci, à la Mostra de Venise en 2013,
- le Prix d'interprétation masculine pour Xavier Dolan et Pierre-Yves Cardinal, ainsi que le Prix de la critique au Festival 2 Valenciennes 2014
- et le Prix de la meilleure actrice dans un second dans un film canadien pour Lise Roy, au Vancouver Film Critics Circle Awards 2014.


Conférence de presse Tom à la ferme, à voir après le film.




        Le cinéma de Xavier Dolan est novateur, car courageux dans ses choix thématiques et esthétiques, qui gomment les frontières entre les genres cinématographiques, pour instaurer au mieux une ambiguïté entre ses personnages. Son style modernise de nombreux courants de l'Histoire du cinéma, pour servir des scénarios intimes et toujours plus mystérieux.




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