Kornél Mundruczo nous offre un 6ème
long métrage politique et radicalement libertaire dans la métaphore du fascisme
qu’il nous livre. Un film qui lui a valu le Prix un Certain Regard lors de la
dernière édition du Festival de Cannes.
Si White
God nous fascine, c’est par l’introduction d’un point de vue encore rare au
cinéma : celui de l’animal. L’électrochoc que j’ai ressenti lors de la
projection du film me donne envie de décortiquer sa narration dans les moindres
détails, ainsi que de livrer ses ficelles. Mais fidèle à mes principes, qui me
dictent de préserver la nature d’un film en conservant sa surprise (car un bon
film doit être comme une surprise : attirant de l’extérieur, et surprenant
à l’intérieur), je tenterai simplement de vous donner envie de le découvrir.
White
God
est étonnant par la justesse avec laquelle le réalisateur met en place une
métaphore de l’homme via le chien, sans tomber dans le pathos extrême et
l’attendrissement compulsif. Car si le début du film peut inquiéter le
spectateur sur ce point, la suite ne l’épargne pas. Et à ce propos, j’aimerai
noter la grande proportion de spectateurs qui ont quitté la salle pendant la
projection, éreintés par quelques scènes violentes. A quoi s’attendaient ces
spectateurs ? A voir une version de La
Belle et le Clochard en prise de vue réelle ? Je reste interroger face
à cet abandon d’une histoire, et un rien agacée de savoir qu’un chien maltraité
semble moins supportable qu’un homme maltraité. Le film peut sembler dur pour
certains spectateurs, mais pas plus que n’importe quel film américain, ou même
français, où la violence est omniprésente. Pourquoi le chien émeut-il plus que
l’homme ? Peut-être que ces spectateurs ont tout simplement voulu nier la
suite du film, car elle renverse nos émotions du tout au tout et crée sans
doute une confusion trop grande chez certains spectateurs…
Toujours est-il que ce film est une
prouesse technique de mise en scène et d’interprétation (aussi bien canine qu’humaine),
car il maîtrise ses modulations narratives à la perfection, tel un morceau de
musique classique. On s’attend presque toujours à ce qui va arriver, mais la
maîtrise des climax est telle, qu’on reste impressionné. Le discours du film,
nous l’avons dit, est politique, car dénonciateur de discrimination et racisme,
cela autant à travers le personnage d’Hagen, le chien, que de la jeune Lili qui
rencontre des problèmes similaires, à une autre échelle. Si Hagen est un chien
proche des hommes par son intelligence, Lili est proche des chiens par son
instinct. Ces notions d’instinct et d’intelligence sont très présentes dans le
film, et mises en parallèle avec une esthétique du sensoriel. White God touche à l’organique, et c’est
grâce à cela que ce met en place l’identification des spectateurs. Un peu à la
manière de The Tribe, White God surfe sur la vague d’une
esthétique sensorielle, meilleure manière de représenter et faire ressentir au
cinéma.
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