jeudi 4 septembre 2014

Boys Like Us


Un retour dans son pays natal pour le réalisateur autrichien, qui filme pour la troisième fois les paysages de son enfance.

Boys Like Us, c’est l’histoire de trois amis qui ont du mal à avancer, à se donner un avenir. Après s’être fait plaqué par son amie, Rudolf décide de quitter Paris pour aller s’installer en Autriche, sa terre natale. Gabriel et Nicolas, ses amis de toujours, n’acceptent pas cette nouvelle et décident de l’accompagner. Commence alors un voyage, à la fois collectif et personnel, où chacun se retrouve face à lui-même dans ces hautes montagnes de pins mystérieuses.

Un film personnel. Car on sent dans les dialogues, la mise en scène et les prises de vues, un attachement profond, de la part du réalisateur, au pays et aux questions que se posent les personnages. On comprend la volonté d’insister sur des questions fondamentales, comme le sont l’amour, l’amitié, les racines, et le désir d’écriture, de sublimation. Ces trois personnages cherchent des réponses qui leur permettraient de se comprendre eux-mêmes. Rudolf, par son caractère obsessionnel, montre son réel désir de bien faire, d’être aimé et heureux. Il n’accepte pas d’être quitté du jour au lendemain, que les sentiments changent aussi rapidement. En partant dans son pays, il cherche une stabilité, un repère. Un endroit où il est accueilli, reconnu, où il ne sera pas rejeté. Mais l’ambiguïté est là.  Même dans ce pays, il doit se battre pour se faire une place, avoir un travail, être reconnu comme autrichien. Alors, la stabilité ne serait peut-être pas là, mais dans le lien qu’il entretient avec ses amis. Et c’est le message du film. L’amitié comme base, comme repère, malgré tout ce qui peut arriver, il peut se tourner vers eux. En grandissant, je doute de plus en plus de ces liens d’amitié, qui comme l’amour ou notre maison d’enfance, peuvent partir en fumée en un rien de temps. Mais je décide de prendre le message de ce film comme un idéal, une utopie qu’il faut chercher à approcher au plus près. Rudolf se détourne de ses amis parce qu’il est malheureux, se sent rejeté, hors ce sont les seuls qui le reconnaissent vraiment, qui reconnaissent ses origines, qui, même s’ils les critiquent, considèrent ses envies.

Un film indépendant. Parce que difficile d’approche pour le spectateur moyen, qui s’attend à voir une comédie gay lisse, produite par n’importe qu’elle grosse boîte de production. On sent le peu de moyen et le tâtonnement du réalisateur, qui est très (peut-être trop) proche de son sujet. Mais cela offre une autre vision de cinéma, une approche nouvelle qui se rapproche du spectateur, ne cherchant pas à l’aveugler d’artifices. C’est un film juste, car illustratif de l’intériorité de son auteur, détenteur de son univers. Il s’agissait de poser des questionnements, avec des images de paysages d’enfance, qui ne manquent pas d’offrir quelques visions poétiques, plus ou moins extrêmes (la dernière séquence déroute comme elle émerveille). Ce film est le résultat d’un désir fort de filmer, de faire des images significatives pour le cinéaste, qui toucheront les plus ouverts.

Pas un film « sur les gays ». Car, bien que les personnages soient homosexuels, le film ne s’inscrit pas dans un combat pour la cause gay. Ingénieusement, il leurs donne le premier rôle sans en faire le sujet principal du film, ce qui renverse l’habituelle intervention des gays au cinéma, et leur donne enfin une place égale à celle des autres. Evidemment, des questions liés à l’homosexualité sont soulevées, mais de manière naturelle, sans en faire des tonnes. Ce film leur donne une vraie place, une place juste et respectueuse, qui les inclut enfin dans un tout, qui leur donne une égalité dans la société, car eux aussi ont des problèmes d’amour et d’amitié, des questionnements autour de leurs origines, de leur création, qui sont plus importantes que le simple fait d’être gay.


Un film fort donc, si on est aussi ouvert pour voir ce qu’il y a à voir, qui nous fait rire comme il déroute, et dont le message nous concerne tous. 


Boys Like Us, réalisé par Patric Chiha, actuellement en salle ! 

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