mercredi 27 août 2014

Cinéma et vanité


Si on va voir un film, c’est parce qu’un mec a eu une idée qu’il trouvait assez génial pour entraîner toute une équipe derrière lui pour le réaliser. Tout part d’une idée qui passe dans l’air, qu’il attrape, qu’il travaille, et qu’il présente. Cette idée est le centre d’attention du réalisateur durant les mois de préparation du film. Elle envahit sa vie, modélise son quotidien et son humeur, car il donne tout pour elle. Je me demande alors comme font ces réalisateurs pour croire suffisamment à leur idée pour aller jusqu’au bout avec elle, sachant qu’elle sera noyée par dix autres idées la même semaine, tout aussi bonnes ou mauvaises. Travailler des mois, voire des années, pour une semaine de gloire et quelques prix, quelle conviction ! En cela, le cinéma métaphorise parfaitement la vie, car il représente l’espoir et l’énergie que les hommes place dans leurs projets malgré la vanité que cela implique. Les cinéastes ont la force de faire en dépit de cette fin qui rode. Et je trouve admirable que le cinéma en souffre si peu, en dépit de la durée de vie des films, qui est de plus en plus courte. Pour certains, le secret est de ne jamais s’arrêter. Je pense à Woody Allen, dont j’appréhende la disparition, tant la mort envahit son œuvre, et semble faire de même dans sa vie. . D’ailleurs, il dit à ce propos : « Je ne veux pas atteindre l’immortalité grâce à mon œuvre, je veux l’immortalité en ne mourant pas ».Faire des films, c’est se donner la chance d’un éternel recommencement, d’échapper à la mort qui rode, en passant au-dessus de la mort de ses propres films. Le cinéma est une catharsis pure, la sublimation ultime de nos passions et névroses, car la frontière est tellement mince entre réalité et fiction, qu’on a l’impression de s’offrir des centaines de vie. Voilà pourquoi on aime se divertir, aller au cinéma, pour échapper à ce destin tragique qui nous est imposé. Comme le disait Truffaut : « les films sont plus harmonieux que la vie », en disant cela il ne voulait pas dire que les films sont mieux que la vie, mais sont caractérisés par une maîtrise et perfection qui ne peut être égalée par la vie, et en cela ils deviennent des objets rassurants face à notre destin.  Les réalisateurs, et artistes, ont cette sensibilité qui leur permet d’explorer cela à travers l’art. Je pense que sans la mort, l’art n’aurait pas exister. Il est l’instrument qui à la fois le représente et permet de l’oublier. Et c’est cette ambiguïté qui le rend fascinant.

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