vendredi 1 mars 2013

Make 'Em Laugh - Le rire au cinéma




  Pour mon premier article, je vous offre la crème de la crème du show Hollywoodien des années cinquante, Chantons sous la pluie de Stanley Donen et Gene Kelly, produit en 1952. Cette séquence est pour moi, la plus grande du film. J'ai une sensibilité pour le rire au cinéma, et je trouve que cette séquence reflète exactement ce qui me plait dans le rire à l'écran. On y retrouve les bases du cinéma burlesque du début du 20ème siècle, qui joue sur un physique très prononcé. De la mise en scène, du mime, de la maladresse (mais toujours dans le contrôle), de la danse, et surtout de la folie. Cette séquence est un crescendo vers une explosion de folie du personnage qui pousse le spectateur à rire aussi. J'appelle ça les séquences "pétage de plomb". J'adore ! 
Le cinéma, bien qu'un miroir sur le monde qui se veut réaliste, est aussi là pour nous donner ce qu'on ne peut avoir dans un quotidien difficile et répétitif. La folie cinématographique a sur moi (et je le souhaite, sur vous) un effet thérapeutique. On a besoin de ces moments de rire, de grands détachements sur notre vie pour continuer à la vivre et à relativiser. Je revendique une philosophie qui allie responsabilité et folie, un mode de vie qui permet de prendre au sérieux uniquement ce qu'il y a à prendre au sérieux au moment où il faut. Le reste du temps doit être fête et célébration de la vie. Car vous l'ignorer peut-être, mais ne nous faisons que passer sur cette belle terre abîmée par le temps et les rancunes. Il faut chaque jour se rappeler, et le cinéma est là pour ça.


J'ai eu la grande chance de voir Stanley Donen en juin dernier, lors de son passage à Paris pour l'exposition et la rétrospective du Forum des Images : Paris vu par Hollywood. Il présentait Drôle de Frimousse (qui offre en tête d'affiche Audrey Hepburn et Fred Astaire). Je dois avouer que je ne m'étais jamais demander s'il était encore en vie, et lorsque j'ai vu qu'il passait à Paris j'ai failli y passer, moi. Il fait parti de mon top 6 de réalisateurs préférés, avec Billy Wilder, Hitchcock, Truffaut, Spielberg et Woody Allen. Ces hommes sont des maîtres pour moi, de grands amoureux de l'art et des cinéphiles à travers lesquels je me retrouve. Ils sont la lumières dans l'obscurité et le doute, ils savent ce que je ne sais pas encore et ce vers quoi je tend. Ils ont joués un rôle qu'ils ignorent dans ce que je suis aujourd'hui, et je les verrai toujours comme des pères cinéastes symboliques. 

J'ai récemment lu une biographie sur Gene Kelly, et moi qui avait toujours cru que c'était Donen qui menait la danse, j'ai appris que c'était le contraire. Donen a commencé comme assistant de Kelly ! Il était son mentor, mais c'est Donen qui a garder le titre de réalisateur, car Kelly avait une trop grande importance en tant qu'acteur, il avait une image à tenir. Gene Kelly est fascinant, ses films sont à l'image de sa vie, et quand on voit Singin In The Rain on arrive presque à croire au conte de fée. La séquence du début du film, où il raconte comment il est devenu une star, retrace (de manière romanesque) son parcours de danseur/comédien. Même s'il veut révolutionner la danse au cinéma, et que ses relations avec les studios dont tumultueuses, il répond parfaitement à l'image d'Hollywood, qui veut que tout est possible.

La rencontre réelle avec Stanley Donen a brisée une images que celles des films avaient crées. J'ai d'abord été très émue quand il est entré dans la salle, mais à mesure qu'il répondait aux questions des spectateurs très impressionnés et visiblement passionnés par son travail, j'ai sentie mon jugement basculer. J'ai été déçu, la confrontation au réel m'a "traumatisé", brisant mon rêve d'enfant d'être dans les films. Il ne correspondait pas à ses films, il ne les représentait plus. Pendant quelques temps, j'ai éprouvé un doute sur mon intérêt pour le cinéma, j'ai remis beaucoup de choses en question. Mais heureusement pas assez pour être dégoûté des films. Stanley Donen a un âge avancé aujourd'hui, et il peut se permettre d'être grincheux et fatigué après la vie qu'il a mené, je ne lui en veut pas. Il reste le maître des comédies musicales Hollywoodiennes des années cinquante. Le temps passe, et j'imagine que parler d'un film pendant 60 ans ça rend irritable (ou pas). Toujours est-il que je ne cesserait de lui rendre hommage et de reconnaître son travail. Des films joyeux, romantiques, rêveurs, mettant en scène des icônes du cinéma.


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