Un retour dans son pays natal pour le réalisateur autrichien, qui filme
pour la troisième fois les paysages de son enfance.
Boys Like Us, c’est l’histoire
de trois amis qui ont du mal à avancer, à se donner un avenir. Après s’être
fait plaqué par son amie, Rudolf décide de quitter Paris pour aller s’installer
en Autriche, sa terre natale. Gabriel et Nicolas, ses amis de toujours, n’acceptent pas cette nouvelle et décident de l’accompagner. Commence alors un voyage, à la
fois collectif et personnel, où chacun se retrouve face à lui-même dans ces
hautes montagnes de pins mystérieuses.
Un film personnel. Car on sent dans les dialogues, la mise en scène et
les prises de vues, un attachement profond, de la part du réalisateur, au pays
et aux questions que se posent les personnages. On comprend la volonté d’insister
sur des questions fondamentales, comme le sont l’amour, l’amitié, les racines,
et le désir d’écriture, de sublimation. Ces trois personnages cherchent des
réponses qui leur permettraient de se comprendre eux-mêmes. Rudolf, par son
caractère obsessionnel, montre son réel désir de bien faire, d’être aimé et heureux.
Il n’accepte pas d’être quitté du jour au lendemain, que les sentiments
changent aussi rapidement. En partant dans son pays, il cherche une stabilité,
un repère. Un endroit où il est accueilli, reconnu, où il ne sera pas rejeté. Mais
l’ambiguïté est là. Même dans ce pays,
il doit se battre pour se faire une place, avoir un travail, être reconnu comme
autrichien. Alors, la stabilité ne serait peut-être pas là, mais dans le lien qu’il
entretient avec ses amis. Et c’est le message du film. L’amitié comme base,
comme repère, malgré tout ce qui peut arriver, il peut se tourner vers eux. En
grandissant, je doute de plus en plus de ces liens d’amitié, qui comme l’amour
ou notre maison d’enfance, peuvent partir en fumée en un rien de temps. Mais je
décide de prendre le message de ce film comme un idéal, une utopie qu’il faut
chercher à approcher au plus près. Rudolf se détourne de ses amis parce qu’il
est malheureux, se sent rejeté, hors ce sont les seuls qui le reconnaissent
vraiment, qui reconnaissent ses origines, qui, même s’ils les critiquent,
considèrent ses envies.
Un film indépendant. Parce que difficile d’approche pour le spectateur
moyen, qui s’attend à voir une comédie gay lisse, produite par n’importe qu’elle
grosse boîte de production. On sent le peu de moyen et le tâtonnement du
réalisateur, qui est très (peut-être trop) proche de son sujet. Mais cela offre
une autre vision de cinéma, une approche nouvelle qui se rapproche du
spectateur, ne cherchant pas à l’aveugler d’artifices. C’est un film juste, car
illustratif de l’intériorité de son auteur, détenteur de son univers. Il s’agissait
de poser des questionnements, avec des images de paysages d’enfance, qui ne
manquent pas d’offrir quelques visions poétiques, plus ou moins extrêmes (la
dernière séquence déroute comme elle émerveille). Ce film est le résultat d’un
désir fort de filmer, de faire des images significatives pour le cinéaste, qui toucheront les plus ouverts.
Pas un film « sur les gays ». Car, bien que les personnages
soient homosexuels, le film ne s’inscrit pas dans un combat pour la cause gay.
Ingénieusement, il leurs donne le premier rôle sans en faire le sujet principal
du film, ce qui renverse l’habituelle intervention des gays au cinéma, et leur
donne enfin une place égale à celle des autres. Evidemment, des questions liés
à l’homosexualité sont soulevées, mais de manière naturelle, sans en faire des
tonnes. Ce film leur donne une vraie place, une place juste et
respectueuse, qui les inclut enfin dans un tout, qui leur donne une égalité
dans la société, car eux aussi ont des problèmes d’amour et d’amitié, des
questionnements autour de leurs origines, de leur création, qui sont plus
importantes que le simple fait d’être gay.
Un film fort donc, si on est aussi ouvert pour voir ce qu’il y a à
voir, qui nous fait rire comme il déroute, et dont le message nous concerne
tous.
Boys Like Us, réalisé par Patric Chiha, actuellement en salle !
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