Angélique est une sexagénaire, danseuse de cabaret, à qui Michel, un
habitué, demande la main. Cela sous-entend mettre un terme à sa carrière de
danseuse de nuit, une décision importante pour cette femme de caractère. Il s’agit
d’un docu-fiction, mettant en scène la mère de la réalisatrice, Marie Amachoukeli.
Au-delà des décors et de l’environnement d’Angélique, le spectateur n’est
pas vraiment témoin de ses activités nocturnes. A aucun moment dans le film on
la voit danser. Peut-être parce que la véritable intrigue du film n’est pas là.
Ce n’est pas l’histoire d’une party girl, mais celle d’une mère qui cherche la
rédemption auprès de ces enfants. Epouser Michel, arrêter son activité au
cabaret, c’est sa manière de se racheter pour ces années d’absences qu’elle
leur a imposé. Party Girl n’est pas
une histoire de cabaret, ni une histoire d’amour, mais celle d’une femme qui
arrive à un âge où elle veut réparer quelque chose. Le mariage symbolise son
attente de réunification familiale, qui prend corps lorsqu’elle contacte sa
fille. Le regard d’Angélique trahit tout de ses sentiments, de son attention,
et il est rare au cinéma que ce soit aussi flagrant. Le personnage d’Angélique
est très contrasté car elle atteint une certaine maturité lorsque Michel la
demande en mariage, mais elle n’arrive pas totalement à se défaire de « sa
pulsion de mort » - elle boit beaucoup, drague d’autres hommes, met en
danger l’amour que lui porte Michel. Elle a l’âme d’une adolescente, dans l’attente
d’extraordinaire. La question est, sera-t-elle capable d’aller au-delà ?
Je pense que ce film est un chef-d’œuvre, tout d’abord parce qu’il est
très intime, brouillant sans cesse la frontière entre la réalité et la fiction.
Ensuite, parce que cette intimité, cette grande part biographique, en fait
ressortir énormément de symbolique, volontairement ou pas. Au-delà de cette
histoire de femme danseuse dans un cabaret, il y a des liens familiaux, des questionnements
sur l’amour et l’amour maternel, ainsi qu’un portrait social très fort. Enfin,
et contrairement à ce que j’ai pu lire à propos du film, je trouve que l’esthétique
rend justice à l’intrigue. Les mouvements de caméra sont représentatifs de
cette addition fiction/réel, les cadrages sont très sublimes, toujours dans un souci
de sublimer les personnages, et le travail sur la lumière est sans faute. Et la danse dans tout ça ? Tout simplement, une échappée. Une image de l’insouciance et du bonheur d'Angélique qui, quoi qu'il arrive, finit en dansant.
Party Girl, réalisé par Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, actuellement en salle !
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