Si on va voir un film, c’est parce qu’un mec a eu une idée qu’il
trouvait assez génial pour entraîner toute une équipe derrière lui pour le réaliser.
Tout part d’une idée qui passe dans l’air, qu’il attrape, qu’il travaille, et
qu’il présente. Cette idée est le centre d’attention du réalisateur durant les
mois de préparation du film. Elle envahit sa vie, modélise son quotidien et son
humeur, car il donne tout pour elle. Je me demande alors comme font ces
réalisateurs pour croire suffisamment à leur idée pour aller jusqu’au bout avec
elle, sachant qu’elle sera noyée par dix autres idées la même semaine, tout
aussi bonnes ou mauvaises. Travailler des mois, voire des années, pour une
semaine de gloire et quelques prix, quelle conviction ! En cela, le cinéma
métaphorise parfaitement la vie, car il représente l’espoir et l’énergie que
les hommes place dans leurs projets malgré la vanité que cela implique. Les
cinéastes ont la force de faire en dépit de cette fin qui rode. Et je trouve
admirable que le cinéma en souffre si peu, en dépit de la durée de vie des films,
qui est de plus en plus courte. Pour certains, le secret est de ne jamais s’arrêter.
Je pense à Woody Allen, dont j’appréhende la disparition, tant la mort envahit
son œuvre, et semble faire de même dans sa vie. . D’ailleurs,
il dit à ce propos : « Je ne veux pas atteindre l’immortalité grâce à
mon œuvre, je veux l’immortalité en ne mourant pas ».Faire des films, c’est se
donner la chance d’un éternel recommencement, d’échapper à la mort qui rode, en
passant au-dessus de la mort de ses propres films. Le cinéma est une catharsis
pure, la sublimation ultime de nos passions et névroses, car la frontière est
tellement mince entre réalité et fiction, qu’on a l’impression de s’offrir des
centaines de vie. Voilà pourquoi on aime se divertir, aller au cinéma, pour
échapper à ce destin tragique qui nous est imposé. Comme le disait Truffaut :
« les films sont plus harmonieux que la vie », en disant cela il ne
voulait pas dire que les films sont mieux que la vie, mais sont caractérisés
par une maîtrise et perfection qui ne peut être égalée par la vie, et en cela ils deviennent des objets rassurants face à notre destin. Les réalisateurs, et artistes, ont cette
sensibilité qui leur permet d’explorer cela à travers l’art. Je pense que sans
la mort, l’art n’aurait pas exister. Il est l’instrument qui à la fois le
représente et permet de l’oublier. Et c’est cette
ambiguïté qui le rend fascinant.
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