vendredi 12 juin 2015

La Belle promise




Badia, jeune palestinienne orpheline, arrive Villa Touma pour vivre avec ses trois tantes. Habituée à la vie joyeuse et collective de l’orphelinat, la jeune fille est troublée par la vie quotidienne des trois femmes, qui vivent enfermées et raccrochées à leur vie passée. L’arrivée de Badia bouscule révèle des secrets, et bouscule leurs habitudes car elles décident de lui trouver un mari.

Troisième film réalisé par la cinéaste israélienne Suha Arraf, La Belle Promise est un film riche et intelligent sur les traditions et le rôle clé des femmes dans leur transmission. Les tantes de Badia vivent, chacune à leur manière, dans un culte du passé. Le lieu de la maison traduit cela, d’une part par son agencement, car les meubles appartiennent à un temps révolu, d’autre part par le huis clos qu’elle représente, car les trois femmes ne sortent jamais de la maison. Au long du film, Badia apprend à vivre comme elles, et découvre leurs secrets. C’est ainsi que le drame s’installe, car la jeune fille, qui n’a encore rien vécu, adopte déjà un quotidien de vieille femme. Badia le dit : « Ma vie s’est arrêtée lorsque je suis arrivée dans cette maison ». Ce lieu est à l’image des limbes, dans lesquels ses occupants sont bloqués entre la vie et la mort, hantés par leur passé. On a une impression de fatalité, et une grande angoisse nous occupe tout au long du film, car l’avenir de Badia est menacé par ce lieu.

Ce drame, au discours engagé sur la condition des femmes et la place des traditions – les tantes sont issues de l’aristocratie chrétienne – est une ode à la jeunesse et la liberté. Un film qui montre la grande complexité des débats sur la religion et les différences culturelles, et l’ambiguïté de la place de ceux qui en font l’objet. Les tantes de Badia vivent avec des regrets mais par devoir pour leurs ancêtres et la tradition. 


Film poétique, subtil et intelligent, aux couleurs d’un pays brisé par des conflits sans fin, et dans lequel on peut saluer la merveilleuse interprétation des quatre actrices (Maria Zreik, Nisreen Faour, Cherien Dabis et Ula Tabari) qui rayonnent par leur beauté et leur talent. 

La Belle promise, de Suha Arraf, Actuellement en salle. 

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